Il y a près de trois ans, les porteurs du projet "Dar Derâa" n'imaginaient pas que leur projet allait se transformer en une success-story basée sur la production et la commercialisation de cette tenue traditionnelle masculine, dont la renommée dépasse désormais l'échelle locale et nationale.

 "Dar Derraâa" s’assigne pour objectifs de promouvoir et préserver la pérennité de ce costume traditionnel, de doter la ville de Laâyoune d'une unité modèle de confection et d’améliorer les techniques de production et les conditions de travail des artisans.

 Dans l’optique de booster la production de cet habit traditionnel, un atelier de 180 m2 a été aménagé récemment, au sein du complexe artisanal de Laâyoune, grâce à l’appui de la Direction régionale de l'artisanat et l'économie sociale et solidaire, la Fondation Phosboucraa et l’Agence pour la promotion et le développement économique et social des provinces du Sud, mobilisant un montant global de 1,40 million de dirhams.

 Un véritable travail de fourmi est accompli au sein de cet atelier qui rassemble une quarantaine d’artisans qualifiés et des lauréats des centres de formation par apprentissage dans l’artisanat, qui s’emploient à coudre subtilement cet habit traditionnel authentique.

 Jouissant d'une longue expérience dans le domaine de la couture de cette tenue traditionnelle, la coopérative "Al Jil Jadid" assure actuellement la production de plus de 1.600 Derraâa par mois, à travers l’utilisation de grandes machines à broder à commande numérique, dispensées par la Fondation Phosboucraa et l’Agence pour la promotion et le développement économique et social des provinces du Sud.

 Ainsi, les membres de la coopérative "Al Jil Jadid" créée en 2011 partagent une véritable passion pour leur métier et se distinguent par leur talent à confectionner de véritables chef-d'œuvres d’artisanat.

 Dans une déclaration à la MAP, le président de la coopérative "Al Jil Jadid" de couture, porteur du projet "Dar Derraâa", Moulay Brahim Taleb Ali, a souligné que ce projet a pour ambition de valoriser et de préserver cet héritage ancestral, en tant que composante essentielle du patrimoine culturel local.

 "Il y a trois types de broderie de la Derraâa, selon les choix des clients, à savoir la broderie traditionnelle appelée "Kej" et celle moderne, en plus de la broderie à la main qui coûte cher et requiert un savoir-faire et une haute technicité, a expliqué M. Taleb Ali.

 Le prix de la Derraâa oscille entre 800 à 4.200 DH, selon la qualité de l'étoffe, de la couture et des motifs qui ornent le col et la poche au niveau de la poitrine (Al lebna), a-t-il précisé.

 Pour ce qui est de la commercialisation du produit, il a fait savoir que deux points de vente sont disponibles à l’avenue Skikima, en plus de la vente via les réseaux sociaux et la participation aux salons de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire.

 Côté formation, M. Taleb Ali a fait savoir qu'il a bénéficié de plusieurs sessions de formation, ainsi que d'un programme d'appui de coopératives dans le domaine du textile industriel initié par la Fondation Phosboucraa et l'École supérieure des industries du textile et de l’habillement (ESITH), axé sur l'accompagnement, le marketing et les formations à l'entrepreneuriat.

 Par ailleurs, il a souligné que l'affluence des clients bat son plein à l’occasion des fêtes religieuses et des cérémonies de mariage, notant que cette tenue demeure très prisée localement.

Pour sa part, le directeur régional de l'artisanat et de l'économie sociale et solidaire, Mohamed Salem Boudija, a indiqué que ce projet s’inscrit dans le cadre de la valorisation du patrimoine culturel hassani, à travers l'appui et le développement des métiers à spécificités locales.

M. Boudija a, dans ce sens, fait observer que la Direction régionale de l'artisanat a œuvré en coordination avec les différents partenaires à accompagner la coopérative "Al Jil Jadid" de couture, pour créer un atelier dédié à la production des habits traditionnels, notamment la Derraâa, faisant savoir que ce projet est le premier en son genre dans les provinces du Sud du Royaume.

Ce projet donnera une impulsion forte au secteur de l’artisanat à l’échelle régionale, permettant ainsi aux couturiers de cette coopérative de commercialiser leurs produits, d’augmenter la productivité et d’améliorer leur compétitivité aux niveaux régional et national, a-t-il avancé.

 Il permet également de créer des emplois pour les lauréats des centres de formation par apprentissage et de fournir des stages pour les apprentis, a-t-il ajouté.

 Considérée comme un véritable habit emblématique des hommes des provinces du Sud, la Derraâa suscite un intérêt particulier de la part des artisans locaux qui font preuve de finesse et de dextérité et ne cessent d'innover en motifs et en couleurs, en donnant libre cours à leur imagination pour concevoir divers styles et modèles de ce costume traditionnel.

 La Derraâa est une tunique large de 10 mètres déclinée presque exclusivement en blanc et en bleu et ouverte des deux côtés, dotée d'un col en V, de deux manches très amples ainsi que d'une poche au niveau de la poitrine (Al Lebna). Elle se porte bien évidemment sur un pantalon bouffant qui porte le nom de "Stembel" choisi dans la même couleur que la Derraâa, en plus d’une chemise.