Cette causerie a été animée par le professeur Omar Farouk Abdallah, chercheur américain et ancien enseignant à l'université du Michigan, sous le thème "Le devoir des musulmans de faire le bien envers l’univers", s’inspirant du verset coranique : "Vous êtes la meilleure nation qu’on ait fait surgir pour les Hommes".
Le conférencier a souligné à l’entame de son intervention que le terme "Hommes" dans ce verset renvoie à tous les humains, indépendamment de leurs types, leurs situations et leurs croyances, ce qui suppose que la nation de l’Islam est la meilleure pour les hommes du fait qu’elle est la plus utile et la plus clémente envers les humains.
Loin d’être un motif de fierté dont on se targue vis-à-vis des autres, le qualificatif de "meilleure", ainsi perçu, dénote d’une lourde responsabilité, a-t-il soutenu, relevant que le Tout-Puissant place dans le cœur des croyants sincères un amour particulier qui révèle la sincérité de leur foi et la bonté de leurs actions.
C’est précisément cet amour, a-t-il expliqué, que le Prophète Sidna Mohammed a souligné dans ce hadith où il assure qu’on ne peut prétendre être un croyant sans aimer pour son frère ce qu’on aime pour soi-même, le terme frère étant entendu, ici, comme un être avec lequel on partage l’appartenance à l’Humanité et non pas uniquement à une même religion.
Il a souligné que le Prophète a été envoyé en Messager de la clémence divine à tous les êtres humains partout et en tous temps, voire même aux êtres inanimés, aux plantes et aux animaux et à l’univers dans sa totalité.
Pour lui, la nation de l’Islam, dont le Prophète Sidna Mohammed est le Messager de la clémence, devrait prier pour le retour des humains, y compris les ennemis, à la bonne voie et au chemin de la lumière, assurant que la sagesse requiert que les musulmans prient pour le retour au droit chemin de leurs adversaires au lieu de lancer à leur égard des anathèmes qui ne leur inspirent que davantage d’agressivité.
Le conférencier s’est également attardé sur la notion de la oumma du juste milieu, conformément au verset coranique "C’est ainsi que Nous avons fait de vous une communauté de juste milieu pour que vous soyez témoins à charge de l’humanité, tout comme le Messager sera témoin à votre charge".
Ainsi, a-t-il noté, les musulmans ont l’obligation de répandre le bien parmi les hommes et se doivent d’être la solution et non le problème, estimant qu’avec la décadence des musulmans, c’est le monde entier qui fait face à une perte monumentale.
Sur les bienfaits répandus par les musulmans, il a cité l’exemple des villages commerciaux collectifs qu’ils ont créés très tôt en Afrique de l’Ouest et qui leur ont permis de supporter les pertes économiques et de promouvoir le commerce mondial malgré les conditions difficiles ambiantes, au point de faire de cette région un marché international fertile, établissant par la même des moyens de communication avec l’ensemble de ces régions et le monde extérieur.
Aussi a-t-il rappelé que, durant les 13ème et 14ème siècles, les musulmans ont contribué en collaboration avec la Chine à la mise en place d’un ordre économique mondial efficace ayant organisé les marchés mondiaux depuis l’Extrême-Orient jusqu’en Occident, en passant par l’Andalousie, l’Europe de l’Est et occidentale et l’Afrique de l’Ouest.
Cet ordre économique mondial utile, qui s’est effondré subitement et de façon complète au 14ème siècle à cause de la peste plus connue par "la Mort noire", a servi de socle pour le système ultérieur des banques et du capitalisme occidental avec les modifications néfastes que ce système a connues à partir du 15ème siècle.
Il a relevé que les bienfaits apportés par les musulmans, dans les domaines des sciences et de l’industrie, sont connus et reconnus, comme l’industrie du papier qui s’étendait de Boukhara à l’Est jusqu’en Occident, favorisant au passage l’émergence de la civilisation du livre et la lutte contre l’analphabétisme dans bien des cas et des endroits.
Il en va de même des sciences mathématiques élaborées, des siècles durant, par les musulmans qui ont découvert le chiffre zéro et d’autres notions sans lesquels bien des aspects du progrès technologique d’aujourd’hui n’auraient pas lieu de chapitre, a-t-il estimé.
Parmi d’autres aspects de la civilisation islamique, il a cité la coexistence entre les hommes malgré la différence des religions, des races et des langues et la promotion des échanges culturels et scientifiques efficients, rappelant que les musulmans sont connus pour avoir pris la défense des minorités religieuses qui vivaient en leur sein.
Le conférencier a cité, à titre d’illustration, des études ayant conclu que les célèbres universités occidentales ayant vu le jour en Europe au Moyen-âge n’étaient point un phénomène culturel autonome, mais qu’elles ont été grandement influencées par les écoles supérieures antérieurement créées en terre d’Islam, particulièrement les écoles d’où sortaient les foukahas, les muftis et les exégètes.
Le système des chaires universitaires en Occident, comme les certificats de doctorats, sont autant d’illustrations qui montrent l’impact des écoles islamiques sur les universités européennes naissantes à l’époque, a-t-il indiqué, notant à ce propos que le chercheur George Makdisi a démontré dans son ouvrage "The Rise of Humanism" que la philosophie humaniste parue en Europe où elle fut un des importants éléments de la Renaissance puise ses racines dans la civilisation islamique.
Après avoir relevé que la grande épreuve qui s’est abattue sur la oumma islamique s’est produite durant les deux derniers siècles à cause de la colonisation et de ses implications postérieures, le conférencier a précisé que le renouveau dans la civilisation islamique constitue une des grandes merveilles de cette oumma, faisant remarquer que la morale émanant de ce renouveau consiste à amener les gens à réaliser que le désespoir est légalement inadmissible, la sagesse d’Allah étant immense, Sa clémence incommensurable.
A l'issue de cette causerie, Sa Majesté le Roi a été salué par Cheikh Mokhtar Jomoa, ministre des Habous en République Arabe d’Egypte, les professeurs Mohamed Khalil, ministre tunisien des Affaires religieuses, Rafiâ Benachour, professeur à l’Université de Carthage (Tunisie), et Abdessalam Al-Abbadi, vice-président de l'Académie internationale du Fiqh islamique (Jordanie).
Le Souverain a été également salué par Cheikh Salim Alouan El Hassani, secrétaire général de Dar Al Fatwa en Australie, le professeur Ammar Jamai Talbi, vice-président de l’association des oulémas musulmans algériens, Cheikh Osmanu Nuhu Sharubutu, grand Imam et moufti de la République du Ghana, le professeur Taleb Akhyar Ben Cheikh Mamina Al Cheikh Maa Al Ainine, membre du Conseil supérieur de la Fatwa et des doléances de Mauritanie, Cheikh Nafia Pérez Yruela, professeur à la Jamâa de prédication islamique à Mexico et par le professeur Chérif Oumar Abdel Aziz, vice-président du Conseil fédéral de la Tijaniya en Côte-d’Ivoire.