En cette conjoncture difficile, il y a lieu d’engager une réflexion pour apporter des réponses pertinentes à cette crise de long terme, a souligné d'emblée Daniela Varela, membre de "l'Argentine Council for International Relations (CARI)", lors de cette session virtuelle placée sous le thème "La géographie du mécontentement dans le sud global".
En Amérique latine à titre d'exemple, les répercussions de la pandémie du coronavirus, qui constituent les principales causes du mécontentement, se sont ajoutées aux problèmes de pauvreté et d'inégalités sociales, a-t-elle relevé, tout en insistant sur la nécessité de trouver des solutions adéquates dans l'optique d’ouvrir de nouvelles perspectives pour les populations.
De son côté, Bernardo Sorj, directeur du Centre Edelstein pour la recherche sociale, basé à Rio de Janeiro, a mis en avant le concept de la démocratie, le définissant comme étant une idée à travers laquelle on peut mesurer si une société avance ou recule, faisant savoir que la démocratie est une réalité incluant des institutions politiques, la liberté d'expression, le pluralisme, ainsi que la protection des minorités.
"La démocratie est également une culture d'égalité", a-t-il indiqué, notant que les systèmes politiques actuels donnent lieu à "de plus en plus de frustration et de manque de confiance".
Il a, en outre, relevé que la croissance économique dans certains pays “ne bénéficie pas à toute la population et creuse encore plus les inégalités”, d'où la nécessité d'instaurer des pactes sociaux permettant la croissance économique et la compensation des inégalités sociales.
Pour sa part, Hafsat Abiola, présidente de "Women in Africa", a estimé que l'Afrique a souffert des problèmes d'insécurité et d'inégalités même avant la crise du coronavirus, soulignant que certaines économies africaines sont parmi les économies qui réalisent des taux de croissance des plus élevés au monde. Or, cette croissance “n'est pas du tout inclusive et ne génère pas d'emplois”, a-t-elle estimé.
Pour elle, l'Afrique doit avoir son propre modèle, basée sur ses propres ressources humaines et naturelles, précisant qu'il est primordial de mettre en place un pacte économique "win-win", qui sera bénéfique à toute la population et donnera lieu à des opportunités d'emplois, en plus d'assurer l'égalité des sexes et soutenir les femmes.
Le fondateur de "Mandela Institute for Development Studies (MINDS)" Nkosana Donald Moyo a, quant à lui, estimé que le problème de mécontentement est continental, ajoutant qu'il relève d'une part des institutions des pays, ainsi que de la mauvaise compréhension de l'acceptation d'une société.
Ainsi, a-t-il ajouté, les lois appliquées dans un pays doivent émaner essentiellement des citoyens et citoyennes, qui ont des droits mais doivent également comprendre qu'ils ont des responsabilités et des obligations vis-à-vis de leurs pays.
Il a également insisté sur le rôle prépondérant de l'éducation, facteur clé pour la prospérité de tous pays, qui doit notamment inculquer les valeurs de citoyenneté et de solidarité, en plus de la nécessité d'avoir un système économique équitable.
Selon les organisateurs, 15 webinaires sont prévus du 3 novembre au 22 décembre 2020 dans le cadre des AD Talks, où une pléiade d'experts et personnalités civiles et militaires de haut niveau, du Sud comme du Nord, vont animer les sessions plénières de cette conférence.
Les 14 autres sessions des AD Talks, pour la plupart et programmées tout au long des mois de novembre et décembre, traiteront de thèmes liés au même sujet, sous des angles aussi variés : "la géographie du mécontentement dans le Sud global ", "les capacités sanitaires comme nouvel instrument de pouvoir" ou encore " la santé publique, nouveau champ d'action pour les organisations et alliances militaires".
Lancé en 2014 à Rabat avec plus de 40 chercheurs associés du Sud comme du Nord, le Policy Center for the New South offre une perspective du Sud sur les enjeux des pays en développement.