Dans cette transformation digitale africaine, la donnée dans toutes ses typologies a un positionnement particulier, a souligné M. Seghrouchni, lors de son intervention à un panel sur la thématique "Des hubs industriels à l’industrie 4.0, l’innovation, un puissant catalyseur de performances".
Selon lui, la donnée à caractère personnelle permet de lier le producteur au consommateur et de lier le fournisseur de services aux demandes et aux bénéficiaires des services, déplorant toutefois que l’Afrique n’est pas encore en position pour favoriser un échange fluide des données en son sein, avec notamment plus de 50% des pays ne disposant pas de législations permettant d’encadrer les flux de données.
Pour remédier à cette situation, il a préconisé la mise en place de hubs virtualisés pour accompagner cette industrie et de traiter les problématiques logistiques dans un cadre continental en tirant profit au digital.
De son côté, Papa Demba Thiam, expert en développement industriel, est revenu sur le retard africain en matière d’industrialisation digitale, notant que les décideurs, élites et experts du continent devront oeuvrer à un raccourci technologique à travers la technologie 4.0, qui permettrait au continent de faire un pas de géant.
Pour ce faire, il a proposé la création d’un bien public régional en terme d’infrastructures de normalisation et de promotion de la qualité avec des applications nationales, en ce qui représentera un hub virtuel régional permettant de rassembler de la donnée de manière à pouvoir impacter directement le développement de nouveaux produits et marchés.
Marc Giget, académicien et président du Club de Paris des Directeurs de l'innovation et de l'IESCI, a souligné, pour sa part, l’importance de la 4.0 en matière d’optimisation des flux, de maîtrise des produits, de réduction de pertes et d'interconnexion entre les entreprises, notant que cette technologie permettra à l’Afrique, qui souffre de problèmes d’infrastructures, de disposer d’unités plus petites mais interconnectées.
Passer au 4.0 est donc un prérequis pour le développement industriel africain, car, selon lui, pour se connecter aux grands groupes mondiaux, le continent doit être au milieu de cette technologie, faisant observer que grâce à son écosystème mobile, l’Afrique va devoir sauter certaines étapes et passer directement au 4.0.
A ses yeux, le continent regorge d’opportunités d’innovation spécifiquement africaines sur les produits usuels africains, tout en mettant en avant le rôle des banques d’investissement en la matière.
A son tour, Alpha Barry, Directeur général d'Atos Afrique, un acteur engagé pour accélérer le développement de l'économie numérique en Afrique, a appelé à fournir davantage d’efforts en vue de rattraper le retard africain en matière d’industrialisation digitale, soulignant la nécessité de développer des réseaux de compétences offshore, en vue de jeter les bases d’une véritable industrie à même de développer des projets à l’international.
La mise en place de plateformes digitales permettra d’ouvrir davantage les perspectives locales vis-à-vis d’économies de marché plus larges et le développement des économies africaines qui sont limitées actuellement, grâce à l’utilisation notamment de la 4.0, a-t-il expliqué.
Jean-Michel HUET, associé à BearingPoint, cabinet de conseil en management et technologie, a déploré que l’Afrique, avec 1 milliard d’habitants, ne représente que 2% de la valeur industrielle mondiale, alors qu’il y a 40 ans, elle était au même niveau en matière de production industrielle que l’Asie.
A cet égard, il a appelé les pays africains à s'inspirer de l’expérience asiatique pour développer leur industrialisation digitale, ce qui aiderait à la quadrupler en 15 ans, estimant que l’investissement dans les technologies digitales est l’un des moyens qui permettront l’industrialisation digitale de l’Afrique.
Il a également insisté sur la nécessité d’encourager les Etats à avoir une vraie politique industrielle mettant en avant l’importance du soutien aux entrepreneurs et aux startupers.
Les ATDA réunissent chaque année à Paris les principaux décideurs de l'écosystème numérique africain pour échanger sur les enjeux de la construction numérique.
Cette 9ème édition, organisée en ligne en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19, doit pousser la réflexion autour des solutions innovantes qui contribueront à l’amélioration des moyens de subsistance et à l’accélération du développement à travers le monde.
Pour ce faire, cet événement, qui s’appuie sur les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU, un programme universel ayant pour ambition de construire un monde plus juste et plus durable pour tous, s'articulera autour de la priorité aux innovations en Afrique, l’entreprenariat, les mécanismes de financement pour l'innovation dans le continent ou encore les promesses pour les finances publiques africaines.
Plateforme de rencontres de haut niveau entre africains, européens, asiatiques et américains depuis 2011, les ATDA permettent également aux participants d’échanger sur les meilleures pratiques, d’identifier de nouveaux partenaires et de nouvelles opportunités d’affaires sur le Continent.